Texte introductif de la journée d'études

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Les temps de crise sont favorables à l’apparition de prophètes, et notre époque ne déroge pas à la règle : des personnalités issues du monde économique, politique, intellectuel, se voient en effet auréolées d’un nouveau statut. Mais quelles en sont les véritables racines ?

Le prophète est avant tout une figure immémoriale de la culture judéo-chrétienne, qui trouve son origine dans la religion. C’est un homme du lendemain, qui projette l’avenir et engage ceux qui le suivent à croire en un ordre supérieur, que lui seul entrevoit. Néanmoins, le prophète religieux est médiateur, et non devin. Assurant le lien entre Dieu et les hommes, il s’affirme en tant que messager de la parole divine, détenteur d’un savoir hérité, qu’il transmet sous des formes multiples telles que la parabole, l’énigme ou même le silence. C’est de cette fonction qu’il tire sa légitimité. Et en tant que messager, le prophète ne peut être isolé. Il mobilise les foules et crée autour de lui une communauté de réflexion, est entouré d’hommes prêts à le croire et d’autres prêts à le contredire. Aux yeux de ces derniers, il apparaît comme un perturbateur, un symbole extraordinaire qui effraie les tenants de l’ordre établi, le conduisant parfois à une fin brutale.

Cette journée d’étude se propose de mettre en lumière l’identité initiale et retravaillée du prophète, devenu objet de multiples disciplines, de la théologie à la psychanalyse, sans oublier la sociologie. Il s’agira, au cours de la matinée, de dresser une esquisse de sa figure originelle. Dans un second mouvement, seront présentées ses multiples transformations, selon le temps, le lieu, les sociétés investies. Quelles furent les nouvelles postures, les nouvelles impostures prophétiques ? Quelles formes prennent-elles aujourd’hui, dans notre société ? L’époque contemporaine ne serait-elle pas tout aussi attentive aux dires de nouveaux prophètes ?