Vérification de l’anthropologie des théories de la démocratie participative :
Validité des critiques à son encontre & cohérence vis-à-vis des théories de la démocratie participative
-
Par Guillaume Blanchard, membre Et Alii
Cet article entend redonner des bases solides aux théories de la démocratie participative en justifiant et redéfinissant son anthropologie à partir des termes de sociabilité et de malléabilité. Il donne une réponse à la fréquente critique de l’irréalisme de ces théories et vérifie la cohérence conceptuelle de l’anthropologie participative avec ces théories en mettant en exergue une pensée originale de la transformation et de l’équilibre.
Introduction
Le thème de la crise de la démocratie n’a rien d’original mais connaît depuis quelques dizaines d’années un regain d’actualité. Que la démocratie soit vraiment en crise, ou, comme le pense Bernard Manin, qu’elle traverse simplement une période de transition d’une forme du gouvernement représentatif à une autre [1] , un constat d’épuisement de la légitimité traditionnelle du gouvernant élu au suffrage universel est tiré [2] . En même temps que sa légitimité semble s’amoindrir son pouvoir d’action. En amont de cette transformation naissent, tout particulièrement depuis la fin des années 1960, de nouvelles revendications portant sur la participation des individus à la prise des décisions qui s’imposent à eux. Elles s’expriment notamment dans les milieux étudiants, mais en sortent rapidement pour gagner le reste de la société civile puis les milieux politiques, essentiellement de gauche. Ces revendications ont été, dans le même temps, étudiées par des chercheurs qui ont élaboré de nouvelles théories mettant au centre du fonctionnement politique, mais aussi du fonctionnement de toutes les instances de décision de la société, la participation du citoyen : ce sont les théories de la démocratie participative. La démocratie participative vise, de manière générale, à faire participer le maximum de personnes dans un maximum de domaines. L’objectif est de renouer avec la base de la démocratie : le pouvoir du peuple au sens le plus strict qui est celui de se gouverner soi-même. La notion de participation est assez floue et est souvent dévaluée par les tentatives contemporaines de faire participer les citoyens. Dans son acceptation la plus restreinte, participer signifier associer à la décision. Dans les expériences participatives contemporaines néanmoins, la participation peut parfois simplement prendre la forme d’une consultation, c’est-à-dire demander un avis, ou d’une concertation, c’est-à-dire chercher un compromis, sans garantie d’un pouvoir décisionnel [3] . Pour les théoriciens de la démocratie participative, la démocratie n’est pas seulement une méthode de sélection des gouvernants, ni même simplement un régime politique, mais bien un mode de vie qui s’étend à tous les domaines de la vie sociale [4] . Bien que relativement proches l’une de l’autre, la démocratie participative se distingue de la démocratie délibérative dont le principal théoricien est Jürgen Habermas. Les théoriciens de la délibération mettent l’accent sur la discussion argumentée entre citoyens, dont doit émerger une décision à la fois rationnelle et légitime, comme base des processus de décision. L’important est ici d’obtenir une décision qui soit réfléchie et efficace. Les théoriciens de la participation portent leur attention plutôt sur les possibilités et conditions de la participation aux décisions, qu’elles soient politiques ou non. L’important est ici le fait que chaque citoyen s’autogouverne et se réalise au travers de la participation. En outre, la démocratie participative se distingue de la démocratie directe en ce sens que tous les citoyens ne sont pas appelés à se prononcer sur des décisions prises en amont comme c’est le cas pour le référendum, mais qu’ils sont au contraire appelés à élaborer eux-mêmes les décisions qui les concernent. La démocratie participative entend, de plus, étendre la participation en dehors du politique, alors que la démocratie directe se restreint au politique. Comme toute théorie politique, la théorie de la démocratie participative repose sur une certaine conception de la nature humaine, c’est-à-dire des traits caractéristiques et fondamentaux de l’homme, ce qu’on appelle une anthropologie. Nous nous attachons dans cet essai à l’anthropologie adoptée par les théories de la démocratie participative pour vérifier à la fois sa solidité et sa cohérence vis-à-vis de l’ensemble de ces théories. Cette anthropologie de la démocratie participative est d’importance car elle cristallise une des critiques majeures faite aux théories de la démocratie participative : celles-ci ne seraient pas viables car elles auraient des exigences excédant de loin ce que la nature de l’homme permettrait d’en attendre. Leur conception de l’homme serait donc irréaliste car trop positive. Nous montrons dans la première partie de cet essai que les critiques portant sur l’anthropologie de la démocratie participative ne permettent pas de la remettre en cause car elles se basent en grande partie sur une erreur d’appréciation consistant à confondre la conception de la nature de l’homme véhiculée par ces théories avec les conséquences et transformations attendues chez l’homme suite au passage à la démocratie participative. Les critiques tendent en fait à confondre le point de départ, la nature de l’homme, et le point d’arrivée, l’homme à l’état social. La première thèse avancée dans cet essai est donc que la critique portant sur l’anthropologie de la démocratie participative est mal fondée et ne permet pas de montrer l’irréalisme des théories de la démocratie participative. Cette anthropologie entretient des liens profonds avec les dynamiques principales des théories de la démocratie participative. La dé- mocratie participative repose en effet sur deux notions clés qui se retrouvent sous une forme ou sous une autre chez tous les auteurs de la démocratie participative : la transformation et l’équilibre. La deuxième idée défendue dans cet essai est le fait que l’anthropologie proposée par ces théories permet de com- prendre le système de cohérence global autour duquel s’articule la démocratie participative : l’anthropologie et les théories partagent des liens de cohérences. Etudier les liens entre cette anthropologie et les théories de la démocratie participative permet en outre de mettre en exergue ces deux notions comme étant respectivement la grande force et la grande faiblesse de ces théories.
I. La validité de la critique anthropologique faite aux théories de la démocratie participative
La critique anthropologique de la démocratie participative est une des plus fréquentes et des plus importantes qui lui soit adressée. Cette critique vise à remettre en cause ce sur quoi se fondent les théories de la démocratie participative : leur conception de l’homme. Si cette critique est fondée, alors la théorie s’effondre puisqu’elle reposerait sur une base trop fragile pour soutenir l’ensemble. Avant de voir comment l’anthropologie de la démocratie participative s’imbrique dans l’ensemble de la théorie, il est nécessaire de vérifier que celle-ci peut être considérée comme valide, c’est-à-dire rationnellement acceptable. Il nous faut donc revenir sur la critique majeure qui est adressée aux théories de la démocratie participative en confrontant l’anthropologie de la démocratie participative telle qu’elle est perçue par ses critiques à celle véritablement proposée par les théoriciens de la démocratie participative. De manière générale, cette confrontation fait ressortir un trait particulier de la critique portée à l’anthropologie de la démocratie participative qui est une conception d’un homme inamovible, c’est-à-dire déterminé par sa nature, à rebours de ce que soutiennent les théoriciens de la démocratie participative.
A) L’anthropologie perçue par les critiques
Les critiques de l’anthropologie de la démocratie participative se font une certaine idée de ce qu’est cette anthropologie : c’est l’anthropologie perçue. Ils lui opposent leur propre conception anthropologique, ici relevée par les auteurs de la participation. A la fin des années 1960, Carole Pateman, dans son ouvrage Participation and Democratic Theory, fait le constat d’une critique de la participation [5] . Elle remarque que les théories politiques contemporaines de cette époque, dans la lignée de Schumpeter, tournent pour l’essentiel autour de deux idées majeures : le fait que le rôle de la théorie politique est de fournir un modèle d’ordre politique qui soit stable avant tout et le fait qu’il est nécessaire de réviser ce que les théoriciens de l’époque appellent la théorie classique. Carole Pateman cherche ensuite à montrer en quoi cette conception d’une théorie classique est un mythe construit de toutes pièces, mais ce n’est pas ici ce qui importe le plus. Ce qui est remarquable est que les théoriciens politiques cités par Pateman [6] associent à cette théorie classique la participation citoyenne. La théorie classique fait fausse route car le citoyen est, de manière générale, à la fois désintéressé de la politique et inapte à en saisir les enjeux, en un mot : apathique. Carole Pateman relève aussi le fait que les théoriciens politiques contemporains voient dans l’individu un certain potentiel autoritaire dont il faut se méfier. Cette idée que les individus ont en eux une tendance autoritaire potentielle provient de la crainte de la forme de mobilisation de masse que les totalitarismes ont exercée et des travaux qui ont été menés sur ce sujet de l’après-guerre jusqu’aux années 1970 [7] . Il est de fait dangereux de théoriser une démocratie participative car le potentiel autoritaire des individus y trouverait à s’exprimer et ferait donc rapidement dévier cette forme de la démocratie vers l’autoritarisme ou le totalitarisme [8] . Bien que vieille d’une quarantaine d’années, la critique relevée par Pateman reste d’actualité quoique le versant autoritaire de l’individu ait progressivement été délaissé par la critique. La critique d’une conception irréaliste du citoyen par la démocratie participative est aussi notée par Manfred G. Schmidt, auteur du manuel Demokratietheorien – eine Einführung (Théories de la démocratie – Une introduction) [9] . Il fait dans cet ouvrage une rapide présentation des théories de la démocratie participative, de leurs forces mais aussi de leurs faiblesses. Il résume six critiques globales adressées à ces théories de la participation, auxquelles il adjoint la démocratie délibérative. La première de ces critiques étant que l’image que les théories de la participation et de la délibération se font du citoyen est hautement irréaliste. La critique porte en particulier sur le fait que le citoyen n’est pas naturellement compétent, et n’a pas spontanément à cœur le bien commun. Le citoyen s’occupe au contraire principalement de ses intérêts particuliers et ne prend le bien commun en considération qu’à la marge et sous certaines conditions restrictives (celles-ci ne sont pas précisées). La majorité des citoyens n’a de plus que peu d’intérêt pour la politique et reste peu informée, le temps et l’argent engagés dans l’information et la participation politique restent très limités chez la plupart des individus. Le simple calcul du coût et des avantages liés à la recherche d’information pour produire un vote « éclairé » permet de comprendre ce désintérêt global. De fait, la capacité tout autant que la volonté de participation politique des citoyens serait largement surestimée chez les théoriciens de la démocratie participative [10] . La critique de l’irréalisme des présupposés anthropologiques de la démocratie participative se focalise donc sur trois points en particulier : dans l’immense majorité des cas, le citoyen n’est pas enclin à faire passer le bien commun avant son intérêt particulier ; il n’a pas la compétence nécessaire à la participation politique ; il a une tendance naturelle autoritaire qui rend dangereux le fait de donner le pouvoir de participer et de décider aux citoyens. Les théoriciens de la démocratie participative apportent une réponse à cette triple critique en relevant le fait qu’il y a confusion entre les points de départ et d’arrivée de la démocratie participative.
B) L’anthropologie réelle proposée par les théoriciens de la démocratie participative
Deux erreurs de la critique permettent d’invalider celle-ci. Les critiques ne portent tout d’abord pas sur l’anthropologie de la démocratie participative à proprement parler, mais plutôt sur les effets qui sont attendus de cette dernière. La première erreur provient en effet de ce que les critiques prennent en considération non l’anthropologie de la démocratie participative mais les consquences que celle-ci doit avoir sur les citoyens. Il y a une confusion entre le point de départ et le point d’arrivée de la démocratie participative. Le point de départ des théories de la démocratie participative, c’est-à-dire l’anthropologie réelle sur laquelle ces théories se fondent, est modeste : l’homme est sociable par nature et malléable. Benjamin Barber, dans son ouvrage Strong Democracy – Participatory Politics for a New Age, cite Peter Berger et Thomas Luckmann pour mettre en lumière ce qu’est la nature de l’homme : « Man is biologically predestined to construct and inhabit a world with others. This world becomes for him the dominant an definitive reality. Its limits are set by nature, but once constructed, this world acts back upon nature. In the dialectic between nature and the socially constructed world the human organism itself is transformed. In this same dialectic, man produces reality and thereby produces himself.” [11] La nature de l’homme est donc de se lier avec d’autre : il est sociable. Cette caractéristique de la nature humaine est aussi reconnue par tous les théoriciens politiques même si les raisons invoquées, protéger sa liberté, assurer sa sécurité, se réaliser etc., différent d’une théorie à l’autre. Ce point n’étant remis en cause par personne, nous le considérons comme valide et écartons les interprétations différentes de ce qui pousse l’homme à être sociable car celles-ci ne sont que de peu d’importance pour cet essai. Le deuxième point de l’anthropologie de la démocratie participative est que l’homme est malléable. Ce terme nécessite d’être explicité : il signifie que l’homme devient ce que la société fait de lui, que ce soit en bien ou en mal. L’homme est transformable. Ainsi, son évolution dépend de son environnement social, donc du type de société dans lequel il vit. De fait, l’homme peut très bien avoir un caractère autoritaire qui ne serait néanmoins pas inné mais procèderait d’un certain contexte familial, scolaire ou autre. Cette thèse peut être nuancée sans pour autant remettre en cause la théorie de la démocratie participative. En admettant que les individus aient un potentiel autoritaire, son expression ou non dépendrait malgré tout du type de société dans lequel il vit. Ce fait est notamment reconnu par des chercheurs ayant travaillé sur l’autoritarisme comme Wilhelm Reich pour qui deux tendances contradictoires, l’une conservatrice, l’autre révolutionnaire, luttent chez l’individu et peuvent également s’exprimer selon le contexte [12]. De même chez Eric Fromm, l’expression d’une tendance autoritaire est contingente, elle est selon lui liée à une inadaptation à la société dans laquelle vit l’individu [13] . Il apparaît donc que même en admettant l’existence de tel ou tel trait de la nature humaine, ici une tendance à l’autoritarisme, il n’y a rien chez l’homme qui ne soit indépassable. Si l’individu n’est pas entièrement dé- terminé par la société, il n’en reste pas moins que l’influence de celle-ci peut toujours dépasser celle des traits naturels de l’homme, excepté la sociabilité, par définition nécessaire à une société. La nature peut faire obstacle à la société mais cet obstacle n’en est pas moins surmontable. Les critiques de la démocratie participative acceptent le fait que l’homme soit malléable dans un sens négatif, notamment qu’il puisse être poussé vers l’autoritarisme et donc que d’un individu globalement apathique se transforme en individu tyrannique ou bien fidèlement soumis à un totalitarisme. Ce point est mis en exergue par Carole Pateman au sujet des théories politiques contemporaines de son ouvrage [14] . Pour autant, ils ne paraissent pas penser que l’homme puisse aussi être transformé dans l’autre sens, c’est-à-dire qu’il devienne à la fois compétent et orienté vers le bien commun plutôt qu’irrationnel et égoïste. Or si l’homme apparaît capable du pire, rien ne montre qu’il ne soit pas capable du meilleur. Le deuxième point de l’anthropologie réelle de la démocratie participative, que l’homme soit malléable c’est-à-dire essentiellement déterminé par son milieu social, est donc valide lui aussi et soutenu par les travaux sociologiques des auteurs ayant travaillé sur l’autoritarisme mais aussi de chercheurs comme Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron. En résumé, la démocratie participative ne présuppose pas que l’homme est bon par nature, mais qu’il peut le devenir : « democratic politics makes possible […] the superseding of his [man’s] lower nature » [15] . La première erreur des critiques de la démocratie participative est ainsi d’avoir confondu l’anthropologie réelle de celle-ci, le fait que l’homme soit sociable et malléable, et la réalisation du potentiel de l’homme, la compétence et l’orientation vers le bien commun, attendue dans un contexte social favorable, la démocratie participative. Le fait que l’homme soit malléable est un point central de la démocratie participative mais aussi de la critique qui lui est portée. Préciser ce point nous permet de déconstruire la critique de l’irréalisme de l’anthropologie de la démocratie participative.
C) Les conséquences de la malléabilité de l’homme pour la démocratie participative et sa critique
Les critiques de cet irréalisme cherchent en effet à substituer à l’anthropologie perçue leur propre conception anthropologique. Nous discutons ici la pertinence de cette conception anthropologique substituée. La seconde erreur d’appréciation des critiques de la démocratie participative vient du fait qu’elles considèrent le citoyen observé dans nos sociétés contemporaines comme une donnée qu’elles plaquent sur la théorie de la démocratie participative. La simple observation du citoyen dans nos sociétés permettrait de mettre le doigt sur ce qu’est la nature humaine et de dessiner un portrait de l’homme qui serait négatif. Or comme nous venons de le voir, les caractéristiques observées chez l’individu ne sont pas des données fixes, mais des variables qui dépendent du contexte social, de l’environnement social, dans lequel vit l’individu. Etant des variables, il est possible d’agir dessus en espérant obtenir un certain résultat chez l’individu. Si les critiques de la démocratie participative juge ses présupposés anthropologiques irréalistes, c’est d’abord parce qu’elles se trompent de présupposés anthropologiques, comme nous venons de le voir, et parce qu’elles-mêmes développent une conception de l’homme qui est erronée. Elles prennent le résultat d’un certain environnement social, le citoyen politiquement apathique de nos sociétés contemporaines, pour la nature de l’homme. Considérer que la nature de l’homme puisse être tirée de l’observation des citoyens dans nos sociétés contemporaines revient à considérer que les caractéristiques de l’individu ne sont pas dépendantes de la société dans laquelle il vit et que l’individu n’est pas transformable et n’est donc pas perfectible. Or nous venons justement de voir en quoi il est juste de considérer que l’homme est malléable. L’erreur vient donc du fait que les critiques de la démocratie participative imaginent le fonctionnement de celle-ci à partir d’un citoyen dont les caractéristiques seraient celles du citoyen de nos démocraties contemporaines. Or c’est justement ces caractéristiques là que les théoriciens de la démocratie participative entendent transformer. Comme ils pensent un environnement social différent, ils attendent un citoyen qui soit différent de nos démocraties contempo- raines et qui, lui, soit apte à participer de manière à ce que la démocratie participative soit fonctionnelle. Cette modification des caractéristiques du citoyen est pensée par tous les théoriciens de la démocratie participative à travers l’éducation civique, que ce soit de manière pédagogique et scolaire [16], par la participation au sein des différentes sphères de la vie sociale [17], ou par la participation au pouvoir politique lui-même [18] . Les théoriciens de la démocratie participative sont donc conscients que leur système ne marcherait sans doute pas avec des citoyens tels qu’ils sont aujourd’hui, ou du moins s’ils restaient tels qu’ils sont aujourd’hui même au cours de la participation, mais ils pensent au contraire des mécanismes qui doivent permettre la transformation du citoyen. En particulier, ils argumentent en disant que la participation a un effet d’entraînement bé- néfique qui, tout en améliorant les capacités cognitives et morales des citoyens, les rend plus enclins à participer. C’est dans ce sens que Carole Pateman écrit son ouvrage sur la participation au sein du secteur industriel. Elle tire de ses analyses la conclusion suivante : « The argument of the participatory theory of democracy is that participation in the alternatives areas would enable the individual better to appreciate the connection between the public and the private spheres. […] In the context of a participatory society the significance of his vote to the individual would have changed; as well as being a private individual he would have multiple opportunities to become an educated, public citizen. » [19] Barber effectue l’analyse similaire que la démocratie participative a le pouvoir de changer le citoyen, c’est-à-dire de transformer les caractéristiques de celui-ci apparaissant comme fondamentales aujourd’hui mais étant en fait sujettes à de possibles changements : « dependent [man], yet under democracy self-determining; insufficient and ignorant, yet under democracy teachable; selfish, yet under democracy cooperative; stubborn and solipsistic, yet under democracy creative and capable of genuine self-transformation. » [20] La critique portant sur l’irréalisme de l’anthropologie de la démocratie participative est donc invalidée du fait d’une double erreur. Elle s’est d’abord méprise sur l’anthropologie réelle de la démocratie participative. Celle-ci n’est pas extravagante comme les critiques le pensaient mais plutôt modeste en restreignant la nature de l’homme à deux choses : sa sociabilité et sa malléabilité. Elle est aussi neutre en ce sens qu’elle ménage une place à ses critiques : l’homme peut en effet avoir une tendance autoritaire, être incompétent et n’être dirigé que par ses intérêts personnels dans les sociétés contemporaines. Ce constat n’est pas erroné mais le généraliser à tous les types de société serait une erreur. La critique de l’irréalisme se trompe ensuite en préjugeant du fonctionnement de la démocratie participative à partir d’une image du citoyen qui est celle de nos sociétés contemporaines mais qui ne serait pas telle dans une société de démocratie participative puisque l’homme, s’adaptant au type de société dans lequel il vit, verrait ses caractéristiques principales se transformer. En résumé, la critique se fonde sur l’idée que l’homme est déterminé par sa nature plus que par la société, ce que nous venons de démontrer comme étant faux, excepté dans le cas bien spécifique de la sociabilité. Après avoir soumis l’anthropologie de la démocratie participative à un examen externe à cette théorie, nous entendons maintenant vérifier la pertinence de cette anthropologie vis-à-vis de la démocratie participative elle-même : la base est-elle cohérente avec l’ensemble ?
II. L’anthropologie comme grille de lecture des dynamiques principales de la démocratie participative
Notre objectif est, dans cette deuxième partie, de vérifier la cohérence de la base anthropologique de la démocratie participative avec l’ensemble de la théorie. Nous avons pour cela dégagé les deux grandes dynamiques sur lesquelles reposent les théories de la démocratie participative : la transformation et l’équilibre, nous précisons ci-après ce qu’elles signifient précisément et en quoi elles apparaissent comme centrales pour cette théorie. Ces deux dynamiques se retrouvent à de multiples endroits des théories de la démocratie participative et nous entendons montrer comment elles s’articulent autour de l’anthropologie de la démocratie participative. Nous ne retenons ici que la caractéristique majeure, car distinctive, de cette anthropologie : la malléabilité. Est-il possible, à partir de cette caractéristique, de monter en généralisation pour comprendre la démocratie participative, c’est-à-dire est-elle compatible et cohérente avec les dynamiques de la démocratie participative ?
A) La grande force de la démocratie participative : penser la transformation
La démocratie participative est une théorie de la transformation, c’est en particulier la thèse avancée par Benjamin Barber mais c’est une idée qui se retrouve en filigrane chez tous les théoriciens de la démocratie participative. La transformation apparaît à plusieurs niveaux que nous présentons dans cette partie et qui nous permet ensuite de donner une définition de ce que signifie ici théorie de la transformation, ainsi que de vérifier la cohérence de l’anthropologie de la démocratie participative avec le reste de la théorie. Cette idée de transformation est caractéristique des théories de la démocratie participative car les théories politiques n’accordant qu’une place restreinte à la participation ne pensent pas l’homme comme un être adaptable mais au contraire comme un être inamovible auquel il faut adapter les institutions politiques. Le problème est pris dans le sens inverse par la démocratie participative. Comme l’homme est malléable, il suffit de lui donner le moyen nécessaire à sa transformation positive : la participation. Partons de l’anthropologie et plus précisément de la malléabilité pour en vérifier la cohérence avec les théories de la démocratie participative dans leur ensemble. Nous avons déjà évoqué l’idée de transformation dans la première partie en évoquant le fait que ces théories postulent de la possibilité pour la dé- mocratie participative de transformer le citoyen en vue des objectifs qu’elle s’est fixé, notamment le rendre compétent, politiquement intéressé et tourné vers le bien commun. Dire que l’individu est malléable, c’est dire qu’il est transformable, nous ne revenons ici pas plus sur ce point. Mais pour Benjamin Barber, la démocratie participative va plus loin, en ce sens qu’elle pense tout ce qui est social comme étant transformable. De fait, l’individu est bien entendu transformable, c’est-à-dire ses valeurs, ses idées, mais aussi l’environnement social dans lequel il vit, les normes qui le régissent, les institutions qui l’encadrent, ainsi que la ligne de séparation entre le public et le privé ou entre l’individu et le citoyen. Le mot transformable est à comprendre en son sens le plus haut, c’est-à-dire comme une sublimation. C’est pour cela que Benjamin Barber parle de « superseading of his lower nature » [21] et qu’il définit la démocratie participative, qu’il appelle « strong democracy », comme : « politics in the participatory mode where conflict is resolved in the absence of an independent ground through a participatory process of ongoing, proximate self-legislation and the creation of a political community capable of transforming dependent, private individuals into free citizens and partial and private interests into public goods » [22] Deux choses sont à relever de cette définition de la démocratie forte, de la démocratie participative souhaitée par Barber. La première est que la participation a un double objectif de transformation : des individus en citoyens et des conflits d’intérêts privés en réflexions sur le bien commun. Ces conflits sont soumis à un processus en permanence renouvelé de délibération, de prise de décisions puis de mise en œuvre de celles-ci. Le passage par la délibération permet à ces conflits de quitter le domaine particulier pour atteindre le domaine du général et du commun. La deuxième chose intéressante dans cette définition est le terme de « absence of an independent ground ». Barber entend par là le fait que la démocratie participative ne nécessite pas, pour fonctionner, des normes préexistantes ou des institutions sacrées. Cela signifie dans le même temps que tout peut être sujet à la discussion, il n’y a pas de tabous. Comme tout ce qui est d’origine sociale peut être sujet à discussion, tout est potentiellement transformable. Cela ne veut pas dire que les citoyens soient dénués de valeurs ou d’opinions sur le juste, le vrai mais que celles-ci peuvent toutes être exprimées de manière égale puis soumises au débat lors du processus de participation. C’est cette absence de cadre préconceptuel qui permet à la démocratie participative de faire de tout objet social un objet potentiel de la discussion issue de la participation. C’est une théorie de la transformation en ce sens qu’elle repose sur le principe que tout ce qui est d’origine sociale est renégociable et transformable à travers la participation, mais aussi que les participants des discussions sont eux-mêmes transformés par la participation. Le fonctionnement même de la démocratie participative repose sur la transformation des objets sociaux soumis à la discussion. Cette idée est exprimée très clairement chez Benjamin Barber, mais les autres théoriciens de la démocratie participative l’ont aussi en tête, quoique de manière plus restrictive. Loïc Blondiaux parle ainsi des « transformations de l’action publique » [23] pour évoquer le fait que la participation politique permet de modifier positivement la forme de l’action publique en la dirigeant plus vers le bien commun et en améliorant son efficacité. Il se pose en outre la question de savoir dans quelle mesure la démocratie participative peut jouer le rôle « d’un élément de transformation efficace des régimes représentatifs existants » [24] . Manfred G. Schmidt, pour sa part, explique que « [le] programme d’éducation [du citoyen] repose sur l’idée que la démocratie devrait maximiser les chances des citoyens de s’épanouir et de s’autodéterminer plutôt que se contenter d’agréger des préférences, qu’elles soient issues du fonctionnement politique ou anté- rieures à celui-ci » [25], signifiant ainsi que la participation des citoyens permet la transformation de celui-ci, ce que nous avions évoqué au sujet de l’éducation civique du citoyen comme origine de la modification de ses caractéristiques. Pour Carole Pateman, la transformation prend la forme d’un effet d’entraînement de la participation. La participation dans un domaine de la vie sociale modifie l’attitude du citoyen en lui donnant l’envie de participer dans d’autres domaines. Cela implique l’introduction de la participation dans toujours plus de domaines sociaux et finalement dans la politique, donc la transformation de la forme de la société, de l’environnement social. Ainsi, la théorie de la démocratie participative repose sur le fait que l’homme est malléable, c’est-à-dire transformable, mais aussi que tous les objets sociaux le sont. Il y a donc une cohérence profonde entre la base de la démocratie participative et cette dynamique que nous avons nommée la transformation. La malléabilité s’inscrit dans ce caractère plus vaste et central de la démocratie participative. La transformation se comprend ici comme une action réciproque de l’homme et de son environnement social : celui-ci détermine l’homme mais peut en retour être modifié à loisir par le citoyen lorsque ce dernier participe. Participation signifie en ce sens participer à la constitution de son propre environnement social, c’est ce que l’on appelle l’autogouvernement au sens le plus strict [26] . Néanmoins, cette idée de transformation, à l’instar de la malléabilité du citoyen, n’implique pas nécessairement une transformation positive. Elle est neutre comme l’est le concept de malléabilité. De plus, cette transformation, étant une dynamique fondamentale de la démocratie participative, est perpé- tuelle. Elle n’a pas de fin. Se pose alors la question de l’équilibre de la démocratie participative.
B) La grande fragilité de la démocratie participative : trouver l’équilibre
La force de la théorie de la participation est liée à sa faiblesse. Comme elle n’est pas basée sur un quelconque cadre préconceptuel, elle ne dispose pour ainsi dire d’aucun garde-fou à même de la borner. Or les transformations dont est faite la théorie de la démocratie participative, de même que la malléabilité, sont espérées positives mais peuvent tout autant être négatives puisque la transformation est neutre et peut donc déboucher sur le meilleur comme sur le pire. Toute la difficulté de cette théorie repose sur le fait qu’elle doit rester fixée sur un certain point d’équilibre, qui lui apparaît positif, malgré son mouvement perpétuel. Elle n’a en effet pas de fin en soi : « a politics that is to a degree an end in itself rather than one that only has ends » [27], et donc pas de point d’arrivée. L’équilibre consiste donc en un ajustement permanent de la démocratie participative dont nous donnons dans cette partie trois exemples. Le premier point est évoqué par Jean-Pierre Gaudin. Son livre La démocratie participative expose la thèse que la démocratie participative repose sur la collaboration entre savoirs profanes et savoirs experts [28] . Il dit que la viabilité de la démocratie participative dépend de cet enrichissement mutuel en ce qu’il permet à la fois de fabriquer « l’acceptabilité » [29] des décisions mais aussi d’accroître son efficacité. Or cette collaboration est relativement fragile comme il l’explique lui-même. Une prédominance des experts ferait perdre à la démocratie participative sa substance et conduirait à une technocratie vidée de sa légitimité. En retour, la prédominance de la parole profane entraînerait un manque de bases argumentées aux discussions et ferait donc reposer la participation sur du vide. Comme la participation implique la renégociation permanente des rapports entre savoirs profane et expert, celle-ci repose sur un point d’équilibre instable et constamment remis en jeu. Le deuxième point concerne le rapport entre représentation et participation et est particulièrement développé par Loïc Blondiaux dans son ouvrage Le nouvel esprit de la démocratie – Actualité de la démocratie participative [30]. Il expose l’idée, partagée par la plupart des théoriciens de la démocratie participative mais pas par Benjamin Barber, que la participation n’est pas concurrente de la représentation et qu’elle n’a donc pas vocation à s’y substituer mais au contraire de soutenir la représentation et de pallier à ses déficits. La démocratie participative est, pour Loïc Blondiaux, une démocratie représentative s’appuyant sur des mécanismes participatifs nombreux. Il appelle donc à « promouvoir une constitution démocratique mixte » [31] où les formes de participation traditionnelles, le vote et le référendum, coexistent avec des formes plus novatrices telles que le budget participatif ou le jury citoyen. C’est donc bien un équilibre entre participation et représentation qu’il faut trouver, équilibre instable car bousculé en permanence par la volonté des représentants de garder le dernier mot ou par la tendance des formes participatives à vouloir se substituer complètement aux représentants traditionnels. Le dernier exemple de l’ajustement permanent de la démocratie participative autour d’un point d’équilibre est fourni par Benjamin Barber. Celui-ci explique qu’il y a dans son modèle de démocratie participative une tension inhé- rente entre la participation du citoyen (« individual civic activity » [32]) et la communauté (« the public association formed through civic activity » [33]). Si la communauté prend le pas sur la participation, alors la discussion tend à se transformer en un exercice d’uniformisation coercitive, c’est-à-dire à l’expression de normes refusant l’expression de normes différentes. Cela conduit finalement à la perte d’autonomie de l’individu et à un « collectivisme unitaire » [34]. En revanche, si la participation prédomine trop par rapport à la communauté, alors elle ne signifie plus que la concurrence entre des intérêts privés non transformés en ré- flexion sur le bien commun, c’est-à-dire à une situation d’individualisme impropre à la démocratie participative. La démocratie participative entend justement se situer au point d’équilibre entre les deux extrêmes [35]. La démocratie participative, du fait de son mouvement intrinsèque de transformation perpétuelle, doit ainsi en permanence s’ajuster autour d’un certain point d’équilibre, dont la définition est changeante selon les théoriciens, ce qui constitue la faiblesse de cette théorie de la démocratie participative. Or cet ajustement est intimement lié avec l’anthropologie de la théorie puisque celle-ci postule justement de l’instabilité de la nature humaine : elle est offerte au changement. La théorie de la démocratie participative cherche tout d’abord à transformer puis à fixer les caractéristiques de l’homme autour d’un certain point d’équilibre auquel l’homme serait compétent et bon, de même qu’elle entend transformer la forme de la société puis la fixer sur un certain point d’équilibre possédant notamment les caractéristiques évoquées ci-dessus. L’anthropologie de la démocratie participative est donc cohérente avec les deux grandes dynamiques de cette dernière : la transformation et l’équilibre. La malléabilité de l’homme implique la possibilité de le transformer selon n’importe quel schéma et la démocratie participative implique la possibilité de transformer n’importe quel objet social par la participation. Cette transformation étant un mouvement sans borne et sans fin, la seconde grande dynamique de la démocratie participative est la recherche d’un équilibre et l’ajustement permanent à ce dernier. Or l’anthropologie de cette théorie, en considérant l’homme comme malléable, sous-entend la nécessité de le diriger puis de le fixer à un point d’équilibre correspondant au développement des caractéristiques souhaitées.
Conclusion
Les théories de la démocratie participative ont développé une certaine conception de la nature humaine. Leur anthropologie repose exclusivement sur deux caractéristiques : l’homme est sociable et il est malléable. Si cette base anthropologique est restreinte, le potentiel qu’elle contient est immense. Or ce potentiel peut être orienté par l’environnement social de l’homme. Pour cette raison, les théoriciens de la démocratie participative cherchent à provoquer le développement de certaines caractéristiques très précises de l’homme grâce à la mise en place d’un environnement social favorable reposant sur la participation des individus. Ce fondement anthropologique de la démocratie participative a été mis en doute par une critique portant sur son irréalisme. Or il s’avère que cette critique confond le point d’arrivée de la démocratie participative, un homme bon, compétent, empathique, avec son point de départ, un homme sociable et malléable. A cette conception anthropologique de la démocratie participative la critique substitue une autre conception reposant sur l’observation du citoyen contemporain pour mettre en évidence l’optimisme démesuré des théories de la démocratie participative. Mais cette critique est infondée car elle place le citoyen contemporain dans la démocratie participative sans penser les changements que les mécanismes participatifs produiraient sur lui. Elle le pense comme insensible à son environnement social, inamovible. Or il s’avère que l’homme est sensible à l’environnement social dans lequel il vit et qu’il se transforme en fonction de lui. La critique de l’irréalisme de l’anthropologie de la démocratie participative n’est donc pas recevable. Néanmoins, l’anthropologie étant le fondement des théories de la démocratie participative, il était nécessaire de s’interroger sur sa cohérence avec ces dernières. Les théories de la démocratie participative peuvent être réduites à deux dynamiques liées qui leur sont propres. La première de ces dynamiques est la transformation. La démocratie participative soutient la possibilité pour tout objet social d’être transformé par la participation du citoyen. Or cette dynamique se retrouve aussi à l’échelle de l’anthropologie, mais en sens inverse : l’homme peut être transformé par son environnement social. De fait, l’anthropologie des théories et celles-ci sont bien intimement liées, de manière cohérente, par une réciprocité d’action. De ce potentiel de transformation contenu en l’homme et dans l’environnement social naît le besoin à la fois pour l’anthropologie et pour les théories dans leur ensemble de déterminer des équilibres autour desquels graviter. Le potentiel de transformation de l’homme compris dans l’anthropologie et celui de l’environnement social compris dans les théories de la démocratie participative, sont instables en ce sens qu’ils sont neutres et peuvent donc se développer dans des directions non souhaitées. L’anthropologie cherche à atteindre l’équilibre, compris comme l’état social auquel l’homme est à la fois compétent et orienté vers le bien commun. De même, les théories de la démocratie participative cherchent à réaliser certains équilibres, différents selon la théorie envisagée, en fonction des objectifs qu’elles ont déterminés comme centraux pour la participation. Ici encore, l’anthropologie et les théories se retrouvent en cohérence en ce que les deux reposent sur la recherche perpétuelle et similaire d’un équilibre constamment déstabilisé. De ces développements ressort le fait que la base de la théorie de la démocratie participative, sa conception de l’homme comme d’un être sociable et malléable, est à la fois réaliste et valide. Les théories de la démocratie participative reposent donc sur une anthropologie qui est à la fois recevable et solide.
Notes
[1] Cf. Manin, Bernard. Principes du gouvernement représentatif. Flammarion. Paris. 2012. Chap. 6
[2] Blondiaux, Loïc. Le nouvel esprit de la démocratie – Actualité de la démocratie participative. Seuil. Paris. 2008
[3] Cf. Gaudin, Jean-Pierre. La démocratie participative. Armand Collin. Paris. 2007, 32
[4] « Lebensform » Schmidt, Manfred. G. Demokratietheorien: eine Einführung. (5ème édition) VS Verlag. Wiesbaden. 2010, 236 ; « Way of living » Barber, Benjamin. Strong Democracy – Participatory Politics for a New Age. University of California Press. London. 1984, 117
[5] Pateman, Carole. Participation and Democratic Theory. Cambridge University Press. Cambridge. 1999
[6] Schumpeter, Berelson, Dahl, Sartori, Eckstein
[7] A ce sujet, voir : Adorno, Fromm, Reich
[8] Pour ce paragraphe, cf. Pateman, Carole. Participation and Democratic Theory. Cambridge University Press. Cambridge. 1999, 1-21
[9 ]Schmidt, Manfred. G. Demokratietheorien: eine Einführung. (5ème édition) VS Verlag. Wiesbaden. 2010, Chap. 14
[10] Pour ce paragraphe, cf. Schmidt, Manfred. G. Demokratietheorien: eine Einführung. (5ème édition) VS Verlag. Wiesbaden. 2010, 246-247
[11] Barber, Benjamin. Strong Democracy – Participatory Politics for a New Age. University of California Press. London. 1984, 215, cité d‘après Berger, Peter L. & Luckmann, Thomas. The Social Construction of Reality. Doubleday. New York. 1966, 183.
[12] Reich, Wilhelm. Die Massenpsychologie des Faschismus. Kiepenheuer & Witsch. Köln. 1971
[13] Fromm, Erich. Die Furcht in der Freiheit. Europäische Verlagsanstalt. Frankfurt am Main. 1973
[14] Pateman, Carole. Participation and Democratic Theory. Cambridge University Press. Cambridge. 1999, 2-3
[15] Barber, Benjamin. Strong Democracy – Participatory Politics for a New Age. University of California Press. London. 1984, 118-119
[16] Barber, Benjamin. Strong Democracy – Participatory Politics for a New Age. University of California Press. London. 1984. Partie 2, en particulier : 233-237 ; Schmidt, Manfred. G. Demokratietheorien: eine Einführung. (5ème édition) VS Verlag. Wiesbaden. 2010, 244-246
[17] Barber, Benjamin. Strong Democracy – Participatory Politics for a New Age. University of California Press. London. 1984, Partie 2, en particulier : 233-237 ; Pateman, Carole. Participation and Democratic Theory. Cambridge University Press. Cambridge. 1999, 103-111 ; Schmidt, Manfred. G. Demokratietheorien: eine Einführung. (5ème édition) VS Verlag. Wiesbaden. 2010, 240 « die integrative Strategie
[18] Blondiaux, Loïc. Le nouvel esprit de la démocratie – Actualité de la démocratie participative. Seuil. Paris. 2008, 94-100 ; Barber, Benjamin. Strong Democracy – Participatory Politics for a New Age. University of California Press. London. 1984, en particulier : 233-237 ; Schmidt, Manfred. G. Demokratietheorien: eine Einführung. (5ème édition) VS Verlag. Wiesbaden. 2010, 240 « die integrative Strategie » ; Gaudin, Jean-Pierre. La démocratie participative. Armand Collin. Paris. 2007, 60-70
[19] Pateman, Carole. Participation and Democratic Theory. Cambridge University Press. Cambridge. 1999, 110
[20] Barber, Benjamin. Strong Democracy – Participatory Politics for a New Age. University of California Press. London. 1984, 119
[21] Barber, Benjamin. Strong Democracy – Participatory Politics for a New Age. University of California Press. London. 1984, 119
[22] Ibid., 132, original en italique
[23] Blondiaux, Loïc. Le nouvel esprit de la démocratie – Actualité de la démocratie participative. Seuil. Paris. 2008, 91
[24] Ibid., 11
[25] Schmidt, Manfred. G. Demokratietheorien: eine Einführung. (5ème édition) VS Verlag. Wiesbaden. 2010, 241, traduction personnelle de : « Dieses Erziehungsprogramm gründet auf der Auffassung, dass die Demokratie Selbstentfaltungs- und Selbstbestimmungschancen zu maximieren und nicht nur präpolitisch oder politikintern geformte Präferenzen zu aggregieren habe. »
[26] « Selbstverwaltung » Schmidt, Manfred. G. Demokratietheorien: eine Einführung. (5ème édition) VS Verlag. Wiesbaden. 2010, 237 ; « self-legislation » Barber, Benjamin. Strong Democracy – Participatory Politics for a New Age. University of California Press. London. 1984, 132
[27] Barber, Benjamin. Strong Democracy – Participatory Politics for a New Age. University of California Press. London. 1984, 120
[28] Gaudin, Jean-Pierre. La démocratie participative. Armand Collin. Paris. 2007 29 Ibid., 60
[30] Blondiaux, Loïc. Le nouvel esprit de la démocratie – Actualité de la démocratie participative. Seuil. Paris. 2008
[31] Ibid., 104
[32] Barber, Benjamin. Strong Democracy – Participatory Politics for a New Age. University of California Press. London. 1984, 155
[33] Ibid.
[34] Barber, Benjamin. Strong Democracy – Participatory Politics for a New Age. University of California Press. London. 1984, 155, traduction personnelle de : « unitary collectivism »
[35] Pour ce paragraphe, cf. Barber, Benjamin. Strong Democracy – Participatory Politics for a New Age. University of California Press. London. 1984, 155
Bibliographie
Sur la démocratie
- Barber, Benjamin. Strong Democracy
- Participatory Politics for a New Age. University of California Press. London. 1984
- Blondiaux, Loïc. Le nouvel esprit de la démocratie – Actualité de la démocratie participative. Seuil. Paris. 2008
- Gaudin, Jean-Pierre. La démocratie participative. Armand Collin. Paris. 2007 - Manin, Bernard. Principes du gouvernement représentatif. Flammarion. Paris. 2012
- Pateman, Carole. Participation and Democratic Theory. Cambridge University Press. Cambridge. 1999
- Schmidt, Manfred. G. Demokratietheorien: eine Einführung. (5ème édition) VS Verlag. Wiesbaden. 2010
Sur l’autoritarisme
- Adorno T. W., Frenkel-Brunswik E., Levinson D. J., Nevitt Sanford R. The authoritarian personality. Harper & Row. New York. 1950
- Fromm, Erich. Die Furcht in der Freiheit. Europäische Verlagsanstalt. Frankfurt am Main. 1973 - Reich, Wilhelm. Die Massenpsychologie des Faschismus. Kiepenheuer & Witsch. Köln. 1971